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Pourquoi ViVé ? II. Visions du Vénézuéla

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Faire le tour du monde et prendre le temps de penser la différence, penser ce qui rapproche et ce qui éloigne les peuples, penser simplement, humainement les motivations subjectives de chacun. Penser différemment. Peut-on sortir d’un schéma éthnocentré pour penser l’autre ? Penser l’autre autrement que par le prisme condescendant de notre prétentieuse certitude d’une hypothétique supériorité civilisationnelle. Cette croyance à cette supériorité qui a motivé toutes les colonisations, à l’époque sur fond de croyance religieuse, aujourd’hui sous la forme plus pernicieuse de la « démocratie », motive toutes les plus folles ambitions impérialistes des Etats-Unis de Georges Bush. Appréhende-t-on la démocratie de la même manière si l’on est Irakien, Tchétchène, Vénézuélien, Américain, Russe, ou Français ? Et pourtant, partout les Etats-Unis tentent d’imposer leur vision du monde sous prétexte de démocratie. En Afghanistan, en Irak ou à Cuba ; au Vénézuéla comme partout dans l’Amérique Latine, un seul pays impose ses règles, son influence. Un seul pays qui, sous prétexte de démocratie est prêt à mettre en place les pires régimes tant qu’ils favorisent l’hégémonie économique étasunienne. Ainsi tomba Allende et régna Pinochet, ainsi souffrit le Nicaragua, ainsi s’inquiète le Vénézuéla. Pré-carré des Etats-Unis de longue date, l’Amérique Latine ne bénéficie que d’une couverture médiatique minimale en Europe. « Cela ne nous regarde pas », semblent affirmer les médias en coeur avec les politiques complices de l’impérialisme américain. Tout juste pendant quelques mois a-t-on parlé de l’Argentine en pleine crise économique.

Le Vénézuéla est l’exemple même des visions déformées par les campagnes de communication nécessaires à la propagande libérale universelle. Souhaitez-vous passer de belles vacances au bord des côtes idylliques de la mer des Caraïbes ? Les autorités compétentes - en l’occurrence le Ministère des Affaires Etrangères français via son site internet - vous le déconseillent fortement : c’est tellement dangereux ! Chavez ? « Un militaire, antilibéral populiste et dictatorial », nous dit-on, quand on daigne en parler ! A ViVé, nos amis Vénézuéliens, ne nous racontent pas la même chose. Tous ceux qui reviennent d’un voyage là-bas enchantent leur auditoire des récits sur un peuple chaleureux et bienveillant qui se prend en main. Un peuple qui reconduit Chavez, son président, de scrutin en scrutin, sans que même l’opposition ne puisse mettre en doute aucun décompte de voix ! L’attitude des libéraux vénézuéliens n’est pas sans rappeler celle des Français qui criaient au loup en 1981, voyant déjà derrière Mitterrand les chars soviétiques pointer leurs nez aux frontières du pays ! Contrairement à beaucoup d’autre révolutionnaires, Chavez n’a pas nationalisé à tous crains, Chavez n’a pas interdit les médias libéraux. A la veille comme au lendemain du coup d’Etat qui le destitua brièvement. la presse « indépendante » (indépendante du pouvoir en place, pas des grands groupes financiers) a fait une campagne éhontée contre le Président élu, allant jusqu’à ne jamais montrer, ne jamais parler des contre-manifestants qui, le lendemain, ont remis Chavez en place, jusqu’à détourner des images pour salir ce peuple qui voulait voir revenir le premier qui leur redonnait l’espoir d’une existence décente. Par contre il a encouragé les médias participatifs à se développer. Pour que justement ce peuple puisse enfin librement s’exprimer. Parce que la constitution vénézuélienne institue la notion de participation, parce qu’il n’est pas de liberté d’expression sans moyens de communication. Parce que, peut-être plus encore que partout ailleurs, la presse « classique » est aux mains d’une petite élite dont les intérêts sont ceux de la domination libérale. Intérêts diamétralement opposés à ceux d’un peuple qui n’a jamais vu l’once d’un début de bénéfice de l’activité pétrolière qui fait de son pays l’un des plus grands exportateurs au monde ! Par contre, il donne des titres de propriété à ceux qui n’en ont jamais eu, favorise le combat des sans terre qui luttent pour retrouver des outils de travail, favorise l’émergence simplement d’un mieux vivre populaire dans son pays.

Et pourtant, les Etats-Unis continuent à menacer le Vénézuéla. Malgré Pinochet, malgré tous les scandales qui ont entaché leur jeune histoire dans la chronique de leur soutien à toutes les dictatures d’Amérique Latine, ils continuent à faire pression pour changer les processus démocratiques en cours dans ces pays de l’espoir. D’un côté nous est présentée une propagande légitimant les interventions américaines extérieures par le besoin de démocratie de certains pays. Procédé très simple : « je dis que tu es un dictateur, je suis le plus fort donc tout le monde fait semblant de me croire, enfin je peux t’attaquer au nom de la démocratie et instaurer mon régime libéral, qui bien-sûr, représente l’essence de la démocratie ! » De l’autre côté, l’histoire nous montre que les Etats-Unis (à savoir que la France a longtemps fait la même chose dans son ex pré carré africain...), au nom de la démocratie, encouragent essentiellement des dictatures. Dictatures qu’elle a longtemps aidées financièrement à coups de vente d’armes ou de trafics divers.

Le concept de démocratie recèle de nombreuses acceptions selon le contexte où l’on se trouve. Selon que l’on est riche ou pauvre, du sud ou du nord, de l’est ou de l’ouest, la voie démocratique est propre à chaque culture. Elle fait partie de ces notions que l’on ne peut imposer de manière éthnocentrique. L’histoire de toutes les colonisations nous l’a montré. Personne ne prétend que l’expérience participative du Vénézuéla peut être reproduite les yeux fermés dans chaque pays du monde avec les mêmes méthodes. Mais, donnant la parole au peuple dans son contenu comme dans son fonctionnement, le système participatif est celui qui sans doute s’adapte le mieux à chaque contexte. Il existe donc non pas une vision du monde, mais autant de visions que de regards. Aux riches, le système libéral paraît le meilleur des systèmes. Aux pauvres, il apparaît que d’autres alternatives pourraient être envisagées pour établir une meilleure égalité de tous. Une chose est certaine, c’est que la vision de l’intérêt général des Etats-Unis ressemble en général étrangement à la défense de leurs intérêts économiques particuliers. Et la défense des intérêts particuliers des Etats-Unis ressemble en général étrangement à la défense des intérêts de quelques-uns, élites économiques, et donc politiques de leur pays. L’hypocrisie n’est donc pas seulement un problème interculturel nord-sud, mais un réel problème de classes, au-delà des frontières, qui touche aussi bien les plus démunis du nord et du sud.


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